Journal d’un vampire

 

Auteur : Salut ! Ca, c’est l’histoire de Miriam dans une dimension parallèle. Je l’ai écrite en 4°. J’ai retrouvé mon brouillon, alors je le retape un peu.

 

Vendredi 18 avril 2001 :

Marie, je ne l’avais jamais vraiment aimée. Mais je ne pensais pas que ma haine envers elle me pousserait à faire un tel geste. J’en ai parlé à mon psy. Oui, j’avais un psy. Il m’avait toujours été utile. Il m’aidait quand ça n’allait pas. Et en ce moment, c’est tous les jours que ça ne va pas. Il était gentil. Il essayait de me comprendre du mieux qu’il pouvait. Mais comment comprendre quelqu’un qu’on ne sera jamais ? Il était le seul qui m’écoutait attentivement, le seul à qui je pouvais me confier. Et puis c’est arrivé. J’ignore encore comment. Je lui ai réservé le même sort qu’à Marie. Je n’ai pourtant pas fait exprès. J’essayais pourtant de me contrôler. Mais c’est comme si j’étais poussée par une force destructrice. Moi qui fait tout pour tenir ma promesse…Je n’y arrive pas. C’est trop dur. Cette soif…Quand ça me prend, ça ne me laisse en paix qu’une fois que je suis rassasiée. Je ne parviens pas à me retenir. En tout cas, à l’heure qu’il est, ils doivent pourrir là où je les ai laissés. J’ai peur de recommencer. J’ai peur de faire ça pour l’éternité. Je déteste celui qui m’a mordu. Si je tiens le coup, si je ne suicide pas, c’est parce que je veux le tuer de mes propres mains. C’est cette haine qui me permet de continuer à vivre. Mais j’ai perdu sa trace. J’ignore tout de lui. Je ne me souviens même plus de son visage. Comment vais-je le retrouver ?

Je ne me suis même pas présentée, tellement j’étais bouleversée. Je m’appelle Miriam Langeais, j’ai seize, et je suis morte. Je suis un vampire, en fait. Ce qui, en réfléchissant bien, revient au même. Et comme vous pouvez le voir, c’est très dur à vivre pour moi. Je n’ai pas l’habitude. Je suis une toute jeune novice. Il y a environ six mois, je me suis réveillée avec deux petits trous au niveau du cou, et du sang maculait le sol. J’étais chez moi. Comme d’habitude. Et je n’ai aucun souvenir. Ce que j’ai fait auparavant, je ne m’en rappelle pas. Je ne sais même pas si j’ai de la famille quelque part. Rien. Le vide total. Le néant. Quand j’ai repris conscience, deux noms me sont revenus à l’esprit : Miriam et Langeais. J’en ai déduit que Miriam devait être mon prénom. J’ai trouvé des papiers dans l’appartement où je me trouvais qui m’ont confirmé mon nom, et certifié que j’étais bien chez moi. J’ai aussi trouvé l’adresse d’un lycée et un bulletin scolaire avec des notes. Probablement les miennes. D’après ce que j’ai vu, je suis plutôt intelligente. Mais je ne suis qu’en seconde. J’ai du redoubler une classe, mais je ne sais pas laquelle. Pendant ces six mois où j’ai appris à me connaître, je me suis rendu compte que tout ce qu’on dit des vampires est faux. Pas tout, mais de nombreuses choses. J’ai une ombre et un reflet dans le miroir. Par contre, je n’ai pas de souffle. Je ne crains pas l’ail ; en contrepartie, les crucifix me mettent mal à l’aise. Ce qui m’a le plus étonnée, c’est le fait que le soleil ne me dérange aucunement. Je peux sortir en pleine journée sans problème. Je suppose qu’un pieu dans le cœur me tue, mais je pense que peu de gens peuvent résister à ça. Il est probable que je sois vulnérable au feu et à la décapitation. Personnellement, je n’ai jamais essayé. J’ai peut-être eu des tendances sado-maso dans la partie de ma vie dont je ne me souviens pas, mais maintenant, ce n’est pas le cas. Même si c’est difficile pour moi d’ôter la vie, je tiens à ne pas mourir. C’est vrai, tuer ça me dégoûte. Pour le moment. Qui sait ce qu’il adviendra par la suite ? Mon psy me l’avait dit : un vampire torturé de remords, c’est pas banal.

L’école. Je continue à y aller. Ca occupe mes journées. Et comme je l’ai déjà dit, je m’en sors bien. J’ai une amie, dont je me suis peu à peu souvenue au cours de ces six mois. Elle s’appelle Mathilde. C’est une fille adorable. Mais je ne lui ai pas dit encore qui j’étais. J’ai peur de sa réaction. Et puis, il vaut mieux que personne ne sache. C’est plus prudent pour moi, et pour les autres. Pour le moment, je résiste à la tentation à l’école, et je suis responsable de la mort de personne. Par contre, en dehors de l’école, c’est une autre histoire. Mon quartier a du changer de facteur au moins cinq fois depuis mon réveil. Bien entendu, je n’ai rien à voir avec ça. Qui pourrait croire qu’une jeune fille de 16 ans qui vit seule puisse assassiner des facteurs ? Bon d’accord. C’est un peu louche. Mais j’agis dans la discrétion la plus totale. Je tue la nuit. Jamais la journée. C’est bien trop dangereux. Comme si les assassins commettaient leurs crimes en public. Car c’est ce que je suis. Un assassin. Comment pourrais-je me qualifier autrement ? Monstre ? Ca colle mieux, non ? De toutes façons, ça n’a plus d’importance. J’ai passé trop de temps à me lamenter. Même si je n’arrive pas encore tout à fait à réaliser que je dois tuer, je vais essayer de garder le sourire. Oui, je dois tuer. Pour survivre uniquement. Pas pour m’amuser. Juste…Pour survivre. Mais c’est dur d’être toute seule tout le temps. Il est sept heures et demie. Je dois aller à l’école. Je réécrirai ce soir.

 

Me revoilà. Je suis rentrée. Je me dis ça à moi-même quand je pousse la porte de mon appartement. Ca ne sert à rien, mais ça me donne l’impression d’être moins seule. Bon, à part ça, ma prof de physiques a voulu me coller parce que je n’avais pas fait mes exercices. En fait, je n’avais rien compris. La physique, c’est pas mon point fort. Bref, elle a voulu me coller, alors je l’ai tuée. Pas devant tout le monde, bien sûr. J’ai fait ça discrètement à la fin du cours. Je n’aurais pas du. Je suis la dernière personne à l’avoir vue vivante ; je vais sûrement être interrogée par la police. Mais j’avais trop soif ! Alors j’ai bu son sang. Je suis une personne horrible. Mais je ne parviens pas à me contrôler. C’est plus fort que moi.


Lundi 21 avril 2001 :

Aujourd’hui, Mathilde est venue chez moi après les cours. Quand elle a vu que j’étais seule, elle m’a demandé si mes parents étaient encore en voyage d’affaires. J’avais complètement oublié que je lui avais raconté ce mensonge. Je lui ai répondu que oui. Elle avait eu des informations concernant le meurtre de la prof de physiques, mais elle n’avait pas voulu parler à l’école. Moi, j’étais sur des chardons ardents depuis qu’elle m’avait annoncé qu’elle voulait passer à la maison. Mon cœur battait la chamade. Elle commença enfin son récit.

_Elle a été retrouvée en salle de physiques, là où nous avions eu cours. Elle avait deux petits trous au niveau de la carotide.

_Quoi ? , répondis-je embarrassée. Comme les vampires ?

_Oui, poursuivit-elle. D’après la police, elle serait morte vers cinq heures du soir.

_Deux heures après notre passage…En physiques….

_Exactement.

Cela signifiait que je ne l’avais pas tué sur le coup. Elle avait agonisé pendant deux longues heures, se vidant de son sang lentement.

_Qu’est-ce qu’ils ont dit d’autre ? balbutiai-je.

_Ils ont dit que tu étais la dernière personne à l’avoir vue vivante. Mais ne t’en fais pas. Mon père ne t’arrêtera pas.

_Ton père est flic ?

_Comme si tu ne le savais pas, rit-elle. Depuis le temps qu’on se connaît…

_Oui, depuis le temps qu’on se connaît, répondis-je.

_Il sait très bien que tu serais incapable de faire une chose pareille.

_J’en serais incapable, comme tu dis, continuai-je sur le même ton.

 

Elle me mettait mal à l’aise. Et pourtant elle faisait tout pour me rassurer. La pauvre ! Si elle savait que chacun de ses mots me donnait plus de remords encore.

_J’ai l’impression que ça ne va pas, dit-elle après plusieurs minutes de silence.

_Si, tout va très bien.

_On ne dirait pas. Tu as changé depuis quelques temps. Tu es distante, et tu as l’air perdu dès qu’on te parle de quelque chose.

_Tu as raison, ça ne va pas du tout.

_Raconte-moi, dit-elle en posant sa main sur mon épaule.

_Je suis un vampire. Et j’ai perdu la mémoire.

Et là, elle a explosé de rire. Je ne comprends pas pourquoi elle a trouvé ça drôle. Moi, ça me fait moyennement rire. J’ai un problème, et elle, elle est morte de rire dans mon salon.

_J’ai envie d’aller au cimetière pour voir s’il y a ta tombe, répliqua-t-elle pour se moquer.

_Et bien vas-y, ai-je répondu sûre de moi. Elle est dans la partie abandonnée du cimetière. Là où personne ne va jamais. …Je ne me moque pas de toi. Tu crois que j’arriverais à garder mon sérieux si c’était faux ?

Elle ne répondit rien. Puis, elle me posa une multitude de questions auxquelles j’ai répondu. Enfin, je lui ai fait promettre de n’en parler à personne. Je n’aurais même pas du lui en parler à elle. Ca risque de me coûter cher. Tant pis, on verra bien.

Un jour que je me promenais, je suis passée devant le cimetière. J’y ai entendu des gens discuter à propos d’une réunion de vampires dans le cimetière, dans trois semaines. Je pense m’y rendre. Il y aura sûrement là-bas les réponses à mes questions. Et surtout, je pense pouvoir retrouver mon seigneur. (1). Il doit bien me connaître ne serait-ce qu’un petit peu. Je l’espère.

 

Mardi 22 avril 2001 :

Il y en a un autre. Un autre vampire dans le lycée. J’ai pu sentir son " aura ", ou quelque chose dans ce genre. En tout cas, je ne suis pas seule. Je ne sais comment je ne l’ai pas senti auparavant. Peut-être qu’il me fallait du temps pour me remettre de mon sommeil, même si j’ignore combien de temps il a duré. Je dois posséder une certaine faculté pour ressentir mes congénères. En plus de cela, je l’ai rencontrée aujourd’hui même. Ca m’a fait une drôle d’impression. Elle a mon âge, mais je la soupçonne d’être beaucoup plus âgée. Je ne sais pas comment me comporter avec elle. Je n’ai pas l’habitude d’être confrontée à ce genre de situation. C’est elle qui m’a adressé la parole en premier. C’était pendant la récréation. J’ai senti une présence étrange derrière moi. Je ne me suis pas retournée. J’ai entendu.

_Miriam.

Ce n’était pas une question. Elle ne me demandait pas si c’était mon nom. Elle le savait. Elle m’appelait. Je me suis retournée. Elle était belle avec ses cheveux blonds, attachés en queue de cheval, et ses grands yeux noirs, aux reflets violets presque imperceptibles. Je n’en avais jamais vu de pareils. Elle était très pâle, comme moi.

_Je suis l’autre…Tu sais. Je m’appelle Pauline, dit-elle en me tendant la main.

Je serrai cette main. Elle était froide. Comme de la glace.

_J’ai été créée au XIX ème siècle, poursuivit-elle. Je suis arrivée ici il y a peu. J’ai du quitter l’ancienne ville où je me trouvais parce que ça devenait dangereux pour moi. Et pour toi, comment ça se passe ?

_Mal. J’ai perdu la mémoire. Je suis incapable de me souvenir de ce qui s’est passé au-delà des six derniers mois. Je déteste être un vampire.

_A part ça, ça va ?

_Au fond de mon âme, je ne suis pas un vampire, ai-je répondu.

_Alors là, tu as tout faux. Tu n’as pas d’âme.

_Je la sens.

_Encore une erreur. Tu ne sens rien à part le goût du sang. Tu n’es pas très douée. Tu vas sûrement te faire gronder à la réunion si tu ne fais pas de progrès. Tu dois d’abord oublier que tu as été humaine. Maintenant, tu es au-dessus de ces pauvres mortels. Tu ne peux pas mourir.

_Bien sûr que si. Même les ….Tchécoslovaques (2) peuvent mourir. Par conséquent je peux mourir.

_Toi non.

_Tu sais quelque chose sur moi ? ai-je demandé soudain intéressée par cette conversation.

_Moi, je ne sais rien. Mais certains doivent savoir. Vlad doit savoir.

_Qui est Vlad ?

_Mais c’est pas vrai ! s’est-elle écriée. Tu ne sais absolument rien ! Vlad c’est Vlad Tepes. C’est le premier. Un type génial ! C’est en quelque sorte le Tchécoslovaque en chef.

Devant mon air surpris elle s’arrêta de parler quelques instants. Puis, sûrement afin de m’achever, elle continua :

_Si tu n’as pas entendu parler de Vlad Tepes, tu ne dois pas être au courant pour le sauveur.

_Non.

_Tu t’enfonces dans l’ignorance, a-t-elle soupiré. C’est pas la peine que je t’ennuie avec ça.

Cette fille était vraiment bizarre. Elle ne m’inspirait pas vraiment confiance, mais avais-je le choix ? Elle savait des choses que j’ignorai. Elle ne m’a plus rien appris après. La cloche a retentit, et nous avons regagné chacune notre salle de cours.

Pendant le cours de maths, je m’ennuyais à mourir. Et si je n’étais pas déjà morte, je n’aurai peut-être pas survécu. Je me suis rendue compte qu’une fille de ma classe me fixait sans cesse. Elle s’appelle Emilie, et elle est assez gentille je crois. Je sais qu’elle n’a pas beaucoup d’amis, mais je l’ai souvent vue discuter avec Mathilde. Elle n’a pas détourné son regard de moi pendant une heure entière. Je ne me sentais pas très à l’aise. Je n’ai pas bougé et j’ai continué à faire semblant d’écouter.

J’ai attendu Mathilde à la fin du cours. J’avais besoin de lui parler. Le regard d’Emilie me faisait peur. C’était comme si elle savait qui j’étais. Je voulais en avoir le cœur net. J’ai posé la question directement à Mathilde. Bien sur, pas à l’école. On est d’abord allée chez moi. Elle m’a avoué, qu’en effet, elle l’avait dit à Emilie.

_Tu avais promis, ai-je hurlé.

_Elle n’est pas comme les autres. Elle adore toutes ces choses. Les vampires, les sorcières…

Choses ? C’est comme ça qu’elle me considérait ? Je me suis demandé à cet instant comment j’avais pu être amie avec elle.

_Tu comptes le dire encore à beaucoup de gens " pas comme les autres " ?

_Non, bien sur que non, a-t-elle répondu un peu effrayée.

_Je suis obligée de m’en assurer, ai-je répliqué. Mais cette fois, je ne me contenterai pas d’une promesse.

_Tu vas me tuer ?

_Je n’ai pas le choix. Et ensuite, je m’occuperai d’Emilie.

_Je vais souffrir ? a-t-elle demandé au bord des larmes.

_Ca va faire mal quand je vais percer l’une de tes veines.

_Je ne veux pas mourir ! pleura-t-elle.

_Moi non plus je ne voulais pas. Mais on ne m’a pas demandé mon avis.

Je me suis approchée d’elle, je l’ai prise par la taille, et j’ai mordu. Elle était trop effrayée pour pouvoir bouger. Elle n’avait même plus la force d’essayer de s’enfuir. Elle était figée sur place. Elle a gémit que j’ai planter mes canines dans sa chair. J’ai pu son sang. C’était bon. C’était chaud dans ma gorge. Quand j’ai retiré mes dents, elle s’est effondrée sur moi, sans vie. Cette nuit, j’irai au cimetière pour brûler sa dépouille. Je ne veux pas laisser de trace. En attendant, je l’ai allongée sur mon lit. J’ai nettoyé le sang frais sur le carrelage. Ca ne me fait encore rien. Je viens de tuer ma meilleure amie, et je ne ressens rien. Ni de la peine, ni de l’horreur, pas même du dégoût. Est-ce que Pauline a raison ? Est-ce que je n’ai vraiment pas d’âme ? Je ne sais pas. Tout ce que je sais, c’est que je suis encore incapable de faire de nouveaux vampires. Je n’en ai pas créé un seul. Je n’en ai pas le courage. Condamner un ou une innocente à l’éternité….Je suis probablement lâche. Je ne peux sûrement pas me confier à Pauline. Elle a bien plus d’expérience que moi, et tuer ne doit pas être un problème pour elle. Je me demande comment elle a réagit au moment où elle s’est rendue compte qu’elle était un vampire. Un jour, je lui poserai la question. Je suis sure qu’on aura l’occasion de parler à nouveau.

 

  1. Le seigneur de Miriam, c’est le vampire qui a fait d’elle un vampire. C’est comme dans Buffy, pour ceux qui regardent.
  2. Expression utilisée pour désigner les vampires. Elles sont dans la cour du lycée. Vous vous imaginez, à leur place, en train de hurler : " Je suis un vampire ! " ? Dans Roswell, c’est pour désigner les extra-terrestres. Je sais, j’accumule les références stupides.

Auteur: Arashi Kishu
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