Anniversaire

 

Aujourd'hui je fête mes 300 ans, la douce musique que la déesse de la musique interprète pour moi me réchauffe le coeur. Mais je ne peux pas m'empêcher de songer qu'une place reste vide à mes cotés, comme chaque année.

Père, j'aimerai un jour voir un sourire naître sur votre visage, mais pas ce sourire sarcastique que vous arborez continuellement… non… un sourire tendre qui me serait entièrement destiné. Oui, je sais, je suis égoïste… mais cela réchaufferait tant ce coeur qui souffre de ne pas être aimé par son père.

Non, je me trompe, je ne pense pas que vous ne m'aimez pas. J'ai surpris l'autre jour un de vos regard, un regard que je n'avais jamais vu auparavant. Un regard chargé d'amour. M'était il destiné, j'aimerai tellement que la réponse soit affirmative. Mais ce regard à été si court, si fugace que je me demande si je n'ai pas rêvé.

Oh père ! Mère me dit que je ne vous ressemble pas, que je ne suis pas comme mon insensible de père, que mon cœur est bon. Je pense qu'elle se trompe sur votre compte. Des soldats disent que vous avez changé depuis que vous êtes empereur du ciel. Qu'a-t-il bien pu se passer ? Je me le demande souvent, comment l'œil de la malédiction a-t-il fait pour apparaître sur votre front ? Que de question sans réponse, je souhaiterais tellement vous le demander, mais je crains votre réaction, je crains tomber sur un mur infranchissable. M'attendrez-vous pour m'aider à le franchir, je l'ignore et je ne pense pas avoir le courage de le tenter.

Zocho-ten dit que les shiten-ô sont moins puissant que moi et que vous seul seriez capable de me donner des leçons. Mais là aussi je n'ai pas le courage de vous demandez une leçon d'escrime. Pourtant dix minutes de combat avec vous me procurerait certainement plus de bonheur que mes 300 dernières années passées.

Je vous écris ces lignes mais je ne sais même pas si j'aurais le courage de venir vous porter cette lettre. Père j'aimerais tellement qu'un jour vous me preniez dans vos bras et que vous me berciez tel un petit enfant. Même si cette accolade ne devait durer que quelques secondes, j'en serais ravi.

Père je vous aime et j'espère sincèrement qu'il en est de même pour vous.

Votre fils

Ten-ô

***

Ten-ô avançait dans le palais, sa lettre serrée sur son cœur. Il s'était décidé à aller la donner à son père. Il s'approcha des appartements de l'empereur.

" Père, êtes-vous là? " N'entendant aucune réponse il entra dans la salle.

Taïshaku-ten était assis sur d'épais coussins, un verre de vin à la main. Lorsque le rideau s'écarta il leva un regard froid vers le visiteur comme à son habitude.

" Que veux-tu donc ? " dit-il d'une voix cinglante.

" Je... j'étais venu vous parler."

" Me parler? Crois-tu que j'ai du temps à perdre avec toi ? "

" Mais... vous êtes seul et vous ne semblez pas... "

" Je ne semble pas quoi ? " répondit-il d'une voix sèche.

Ten-ô serra sa lettre contre lui. " Je ne voulais pas vous offenser ou vous faire perdre votre temps. "

" Et bien sort si tu ne veux pas me faire perdre mon temps."

Ten-ô regarda son père. Il ne savait plus quoi dire. Il cherchait désespérément ses mots. Son père ne le regardait même plus, il fixait son verre qu'il faisait tourner distraitement entre ses doigts.

" Désolé de vous avoir importuné " dit-il alors qu'une larme coulait sur sa joue. Il déposa sa lettre sur une petite table et sortit. Son père ne la lirait sûrement pas, mais au moins il la lui avait laissée.

Taïshaku-ten releva la tête au moment où Ten-ô se retournait pour sortir. Il vit la larme couler sur sa joue et son coeur se serra. Une profonde douleur lui traversa la poitrine, mais il ne devait pas enlever son masque, il lui fallait rester froid et impassible. Il vit Ten-ô déposer une lettre sur la table et il ne la quitta plus du regard. Ce n'est qu'une fois son fils sortit qu'une profonde tristesse marqua ses traits. Il l'avait fait souffrir encore. Mais cela est nécessaire. Un jour il montera sur le trône et la cour ne le verra pas comme le descendant de son tyrannique de père, mais comme un empereur bon et bien aimé du peuple. Il réprima l'envie de se jeter sur la lettre et se leva, se forçant à des gestes lents. Il déplia la lettre et se mit à la lire. Au fur et à mesure des lignes des larmes ruisselèrent sur ces joues.Une fois la lettre finit il la serra contre lui toujours en larmes.

Ten-ô, mon fils, mon amour, si tu savais à quel point je t'aime et à quel point j'aimerais moi aussi te le montrer. Je lis ces lignes et je peux ressentir ta douleur. Je me souviens encore du premier jour où tu m'as été présenté par une gouvernante. Je ne pensais pas qu'avoir un fils me remplirais autant de joie. Je n'avais auparavant jamais ressentit autant d'amour pour quelqu'un qu'au moment où tes petites menottes se sont accrochées à mes cheveux. J'ai alors compris le souhait d'Ashura-ô, le souhait de faire vivre son enfant même s'il devait devenir le destructeur du ciel. Tu étais si petit dans mes bras et ton sourire était si doux et tendre qu'il m'embrasa ce coeur que je croyais gelé pour toujours. C'est à cet instant que j'ai pris la décision de ne jamais te montrer mon affection. Quelqu'un me voulant du mal aurait pût s'en prendre à toi, et par le ciel, ils sont nombreux. Oh mon fils, tu ne te trompes pas, je t'aime vraiment de tout mon coeur.

***

Taïshaku-ten se rassit dans les coussins, essuyant les larmes qui ne cessaient de couler sur ses joues. Il replia soigneusement la lettre et la mis dans sa tunique, le plus près de son cœur. Lorsque la nuit fût bien avancé, il se leva et sorti de ses appartements. Il se dirigea alors vers ceux de son fils, poussa la porte en faisant un minimum de bruit. Il vit Ten-ô couché sur le coté, ses cheveux roux éparpillé sur l'oreiller et sur son visage. Il s'approcha de lui et d'une main hésitante remis en place les quelques mèches rousses. Il caressa alors la douce joue de son enfant, les larmes inondaient ses joues. Il ne fallait surtout pas qu'il le réveille. Un sourire éclaira son visage et il déposa un doux baiser sur son front.

" Je t'aime mon fils..." murmura-t-il.

Il lui caressa une dernière fois les cheveux, son regard s'attardant sur lui. Puis il sortit de la chambre.

Ten-ô ouvrit les yeux. " Moi aussi père..." dit-il une larme coulant sur sa joue.

Auteur: Axelle
E-mail: axelle36@caramail.com
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