L'absent
Prologue

Base : X/1999
Genre : Yaoï, spoilers de la scène de l’arrivée à l’hôpital de Subaru dans le volume 12 et… je crois que c’est tout !
Résumé : Après son combat avec Fuma, Subaru a perdu la mémoire (j’ai toujours eu le don des résumés !).
Disclaimer : Aucun des persos de X ne m’appartiennent et c’est tant mieux comme ça tout le monde peut en profiter (quoi que je dirais pas non si on me proposait Subaru ou Seïshiro !) !


La chaleur était étouffante. Il avait l’impression de se trouver dans une étuve.
Ses oreilles bourdonnaient désagréablement et son corps le lançait d’endroits de plus en plus nombreux.
Mais par dessus tout, c’était comme si sa tête allait éclater comme un ballon trop gonflé.
Il ouvrit les yeux.
Le blanc immaculé de la pièce l’aveugla un instant et ses douleurs se faisaient plus lancinantes au fur et à mesure que ses sens s’éveillaient.
Où donc était-il ?
Baissant les yeux jusqu’à sa main, il bougea lentement les doigts un à un et, tel un automate, la porta à son visage.
Il sentit soudain la matière rêche de la gaze à l’endroit où aurait dû se trouver son œil droit.
Que ce passait-il ? Que faisait-il ici ?!
Perturbé, il tournait la tête dans tous les sens, comme si les réponses aux questions qui affluaient dans sa tête se trouvaient autour de lui.
Un léger ronflement attira son attention et il s’aperçut que quelqu’un assit sur un tabouret et à moitié couché sur son lit dormait profondément.
Il fronça les sourcils puis repoussa les draps, arracha la perfusion attachée à son bras et sauta à terre.
La sensation du linoléum sous ses pieds lui fit l’effet d’une décharge électrique, il grimaça pour ne pas crier alors que ses multiples blessures et contusions se rappelaient à lui avec véhémence.
Il chercha son équilibre pendant quelques instants puis, s’apercevant avec un certain soulagement que ses mouvements ne le faisaient pas trop souffrir, il s’approcha d’un pas mal assuré de l’unique fenêtre de la chambre.
De plus en plus dérouté, il contempla longuement le reflet que lui renvoyait la vitre translucide : celui d’un homme d’une vingtaine d’années flottant dans le pyjama de l’hôpital et dont la partie droite du visage et celle nue de ses bras étaient recouvertes de bandages.
Prudemment, il avança sa main et toucha le reflet de son œil valide, immense et vert émeraude, du bout du doigt.
Une voix lui parvint soudain de derrière lui, lui glaçant le sang dans les veines.
Il se retourna comme si on venait de le frapper.
Derrière lui se tenait la personne qui avait dormi prés de lui, c’était un jeune garçon d’environ 15 ou 16 ans, à la chevelure en bataille et aux grands yeux améthystes. Ses joues étaient rougies, comme si il avait pleuré et les cernes sous ses yeux dénotaient le manque de sommeil.
- Tu es réveillé Subaru !
Un soulagement sans nom faisait vibrer sa voix.
Acculé au mur comme un chien aux abois, il cherchait à qui le garçon pouvait bien s’adresser.
- Comment te sens-tu ?
Mais il n’y avait personne autour d’eux, c’était donc bien à lui que son vis-à-vis parlait. Une panique qu’il ne parvenait pas à s’expliquer s’empara soudain de lui, balayant toute pensée rationnelle sur son passage.
Le garçon s’approcha jusqu’à se trouver tout prés de lui et le malade s’écarta brusquement, comme si il voulait éviter tout contact.
Kamui fronça les sourcils.
- Pourquoi tu ne me réponds pas ?
On aurait dit que l’exorciste ne le reconnaissait pas.
- Subaru, est-ce que… ça va ?
L’exorciste semblait terrifié.
Inquiet, Kamui vit Subaru porter sa main à sa gorge et sa voix s’éleva, éraillée, comme si chaque mot qu’il prononçait le brûlait à la limite du supportable.

- Qui… qui est-tu ?

Interloqué, Kamui le regarda fixement pendant de longs instants, n’osant croire à ce qu’il venait d’entendre.

- Mais… c’est moi, c’est Kamui ! Tu ne me reconnaît pas ?!

Mais le magicien ne l’écoutait déjà plus, il avait de nouveau sur le visage cette expression de bête traquée, tournant sa tête dans tous les sens à la recherche d’une sortie.
Soudain la porte s’ouvrit et un infirmière entra, poussant devant elle un chariot rempli de matériel médical.
- Mon Dieu ! s’exclama-t-elle en apercevant Subaru. Mais que faites-vous debout…
Elle n’eut pas le temps d’en dire davantage. Le magicien la bouscula violemment, la faisant s’écrouler à terre et répandant le contenu de son chariot sur le sol.
Il passa la porte en courrant et disparut dans le couloir.
- SUBARUUUU !!
Soudain paniqué, Kamui partit au pas de course, contourna la malheureuse et s’élança à la poursuite de l’exorciste.

§ § § § §

Il courrait à perdre haleine.
Une sortie ! Il lui fallait trouver une sortie au plus vite !
Courbé en deux comme pour se protéger d’assaillants imaginaires, il avait à peine conscience des cris que sa fuite provoquait ni des corps dans lesquels il buttait sans cesse, ni des mains qui tentaient de l’arrêter.
Il fallait qu’ils s’écartent tous, qu’ils le laisse partir, il DEVAIT sortir à tout prix !!
Soudain, quelque chose se plaça au milieu de son chemin, il rentra dedans de plein fouet.
C’était une forme gigantesque et sombre, vaguement humanoïde et ça ne bougeait pas.
Qu’était-ce donc ? Son œil lui faisait défaut, les objets autour de lui semblaient déformés, comme si il regardait au travers d’une vitre embuée.
Ses oreilles sifflaient, il avait l’impression que sa tête allait exploser.
Il eut vaguement conscience que le sol se rapprochait à toute vitesse.
Il perdit connaissance.

§ § § § §

Kamui stoppa net.
A quelques mètres de lui, Subaru venait de s’écrouler.
Il fut prés de lui en même temps que le médecin de garde..
- Mais il est complètement fou !! vociféra celui-ci. RAMENEZ LE VITE A SA CHAMBRE !!
Quelqu’un s’approcha avec un brancard, hissa le magicien inconscient dessus et l’emmena.
Kamui s’apprêta à le suivre lorsqu’une voix connue cria son nom.
Il se retourna et aperçut Sorata et Arashi qui avançaient vers lui, se frayant un passage parmi les patients et le personnel que la fuite inattendue de Subaru avait déboussolé.

§ § § § §

- C’est incroyable! Cela ne devait se faire que ce soir, c’est dangereux pour les malades lorsqu’ils se réveillent seuls d’une anesthésie générale !
Le médecin semblait inquiet. Il se trouvait au chevet de l’exorciste, entouré des 3 Sceaux.
Kamui paressait profondément dérouté, il posait sur Subaru un regard empli d'angoisse et d’un sentiment dont Sorata ne parvenait à déterminer la nature exacte.
Il était possible que le réveil brutal du magicien et tout ce qui s’était ensuivi devait avait été perturbant pour son jeune leader qui se sentait toujours coupable de l’état actuel de Subaru.
Kamui ne sentait pas le regard scrutateur du moine sur lui, il fixait le visage endormi du chef Sumeragi et ses dernières paroles résonnaient dans ses oreilles, le chamboulant presque autant que lorsqu’il venait de les prononcer.
Cette unique phrase, une question. Une question sur son identité.
Subaru ne se souvenait pas de lui.
Sur le moment, il avait cru à une erreur, à un choc dû au réveil, il avait alors pensé que l’amnésie ne serait que temporaire mais le comportement complètement fou de l’exorciste par la suite l’avait ébranlé.
Non, c’était impossible ! Subaru ne pouvait pas l’avoir oublié !
Peut-être aurait-il mieux fait d’en parler au médecin lorsque celui-ci, ayant appris que Kamui avait été l’unique témoin de son réveil, l’avait pressé de questions mais il était tellement persuadé que cela n’allait pas durer qu’il n’en avait soufflé mots.
Peut-être parce qu’il ne voulait pas leur donner plus d’inquiétudes qu’il n’en avait déjà…
Non, c’était idiot d’essayer de s’en persuader ! Pourquoi se voiler la face, cela lui faisait peur.
Subaru avait-il donc pris une telle place dans sa vie au point qu’il nie avec force ce qui semblait déjà être une réalité ? Il se sentait même capable de croire à un tour particulièrement mauvais de son imagination.
- Kamui ?
L’interpellé sursauta, cela faisait 5 bonnes minutes qu’il fixait obstinément le visage endormi de Subaru. Il se tourna vers Sorata.
- Tu viens ? Nous ne pouvons rien faire pour lui pour l’instant.
Kamui le regarda, comme si il venait de prononcer une aberration.
Sorata sourit.
- Je sais que tu préfèrerais rester mais il faut tout de même que tu te reposes. Il est entre de bonnes mains ici. Tu n’as pas à t’inquiéter.
Kamui ne répondit pas. Il savait que le moine avait raison mais il voulait rester ici, le repos pouvait attendre. Il voulait être rassuré… et il ne voulait pas l’avouer mais il aurait aimé être la première personne que Subaru verrait en sortant du sommeil…
Arashi posa sa main sur son bras.
- Nous reviendrons demain sans faute, ne t’inquiète pas.
Le jeune Sceau soupira puis se laissa entraîner par la prêtresse après avoir jeté un dernier regard à Subaru.
- Vous nous tenez au courant si il se passe quoi que ce soit surtout ! fit Sorata en quittant la pièce.
Le médecin acquiesça.
C’est donc partiellement rassuré que Kamui quitta l’hôpital mais l’angoisse restait toujours bel et bien présente.
Mais après tout, il serait toujours temps de voir…

§ § § § §

Kamui poussa un profond soupir et se retourna dans son lit. Il ne parvenait pas à s’endormir.
Il avait beau se répéter les paroles rassurantes de Sorata, il se sentait toujours aussi mal et coupable.
A cause de sa faiblesse, un quartier entier de Tokyo avait été détruit et Subaru gravement blessé.
Etrangement, ce deuxième fait l’avait marqué beaucoup plus profondément que le premier, d’ailleurs il avait presque oublié la destruction de kekkaï mais en passant un peu plus tard devant ce qui restait d’Ikebukuro et les ruines encore fumantes du Sunshine 60, son sentiment de culpabilité avait été renforcé jusqu’au paroxysme.
Certes, il se sentait coupable, coupable d’avoir été si faible face à Fuma, d’avoir laissé mourir tous ses gens et détruire ce kekkaï mais ce n’était rien comparé à l’anxiété qui l’étreignait à ce moment là.
Comment allaient-ils faire si il ne se souvenait de rien ?! Comment allait-il faire… lui ?

§ § § § §

Subaru ouvrit les yeux… puis les referma.
Mais lorsqu’il les rouvrit, rien n’avait changé, il se trouvait toujours dans cette pièce étrange et inconnue.
Une pièce blanche, sans aucune décoration, impersonnelle… une chambre d’hôpital.
Que faisait-il dans une chambre d’hôpital ?
Il secoua la tête, dans l’espoir de s’éclaircir les idées mais peine perdue, cela ne fit qu’achever de l’embrouiller encore plus.
Repoussant les draps, il se leva et s’approcha de la fenêtre. Il l’ouvrit et regarda au dehors. Un parc vert parcouru de larges allées de graviers dans lesquelles déambulaient une dizaine de personnes. Rien de bien anormal en somme.
Il avait l’impression que son cerveau était envahi d’un brouillard opaque, lui cachant les réponses aux questions qui se bousculaient dans sa tête.
Il referma la fenêtre et entendit son ventre se mettre à crier famine. Depuis combien de temps au juste se trouvait-il ici, il avait l’impression qu’il venait de se réveiller après des années de sommeil…
Il décida de quitter la chambre, histoire de voir si quelqu’un pouvait le renseigner. Baissant les yeux, il décida que cet immense pyjama bleu dans lequel il flottait était acceptable pour déambuler dans les couloirs aujourd’hui mais comment allait-il faire pour se vêtir lorsqu’il sortirait ? Parce qu’il sortirait, n’est-ce pas ?
A ce stade de ses réflexions, il se rendit soudain compte qu’il ignorait pourquoi il se trouvait ici, pour quelles raisons il avait bien pu être hospitalisé. Il se sentait pourtant en pleine forme, si ce n’est cette sensation de faim qui lui nouait les entrailles et les bandages qu’il pouvait apercevoir sur ses bras. Ces blessures ne semblaient guère importantes mais les circonstances dans lesquelles elles étaient apparues lui étaient inconnues.
Résolu à comprendre, il se dirigea vers la porte lorsque celle-ci s’ouvrit en grand.
Surpris, Subaru fit un bond en arrière et manqua de s’écrouler sur le sol. Deux personnages venaient d’apparaître sur le seuil, deux femmes vêtues de blanc. La plus âgée s’arrêta net en le voyant et étouffa un cri de surprise tandis que la seconde s’était précipitée pour l’aider à se recoucher. Sous le coup de l’étonnement, Subaru se laissa faire mais lorsque l’infirmière passa la porte presque en courant et que la doctoresse posa sur lui son regard fixe et pénétrant comme si il venait de faire une bêtise impardonnable, il commença à s’inquiéter.
- Depuis combien de temps êtes-vous debout ? demanda la femme abruptement.
Subaru s’agita, mal à l’aise. 2 minutes, 3 heures, pour être honnête, il n’en avait aucune idée.
Une question lui brûlait les lèvres mais le médecin attendait visiblement une réponse plus précise qu’un vague haussement d’épaules.
- Je n’en sais rien, fit-il finalement en se sentant parfaitement idiot.
La praticienne marmonna quelque chose dans sa barbe puis se pencha en avant afin de regarder l’exorciste par dessus ses lunettes.
- Cela fait plus de 3 jours que vous dormez. Vos amis commençaient réellement à s’inquiéter !
Subaru la regarda, étonné.
- Mais, commença-t-il. De… de quels amis parlaient vous ?
Le médecin le regarda quelques instants avec un air qui convoyait la plus parfaite interrogation. Subaru soutint son regard sans ciller, persuadé de la pertinence de sa question.
- Hé bien… vos amis. Ils sont venus vous voir tous les jours depuis cette fameuse scène où vous avez mis le service en émoi !
L’absence totale de réaction de la part de son patient la fit douter.
- Enfin, ne me dites pas que… mon Dieu ! murmura-t-elle pour elle même.
Subaru l’entendit.
- Quel est le problème ?
- Vous ne vous en souvenez pas, n’est-ce pas ?
L’exorciste aurait volontiers demandé de quoi il était supposé se souvenir mais secoua la tête en signe de négation.
- Et avant votre accident… vous vous souvenez de certaines choses ?
Subaru fouilla sa mémoire. Et c’est presque sans surprise qu’il constata qu’aucun souvenir antérieur à son réveil ne lui revenait, comme si il venait de naître ou qu’il se réveillait d’un coma qui aurait duré toute sa vie.
- Vous souvenez vous tout de même de votre… identité ? demanda le médecin, semblant redouter la réponse qui allait suivre.
Comme Subaru ne répondait pas, la femme sortit son calepin médical et dit, d’une voix qui prouvait qu’elle n’y croyait guère :
- Votre nom est Subaru Sumeragi. Vous êtes âgé de 25 ans.
Comme elle s’y attendait, le jeune homme n’eut aucune réaction.
La porte s’ouvrit soudain et la jeune infirmière entra.
- J’ai prévenu ses proches conformément à leur vœu, fit-elle en désignant l’exorciste. Ils seront là d’ici une vingtaine de minutes.
- Parfait.
La porte se referma et la praticienne fixa Subaru droit dans les yeux.
- Vous vous sentez prêt à les recevoir ?
Le magicien ne répondit pas mais restait plutôt perplexe. Comment accueillir des gens qui se disaient ses amis alors que lui même n’avait aucun souvenir d’eux ? Comment allaient-ils réagir ?
Finalement, il releva la tête.
- Oui, fit-il.

A suivre…

Bon, voilà la fin du premier chapitre ! Si vous aimez, faites le moi savoir !!!^-^

 

Auteur: Kestrel21
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